Par exemple, lorsque l’on me demandait de recruter un sociologue dont les recherches permettaient de davantage comprendre tel enjeu sociétal, je commençais ma quête en achetant une dizaine de livres de dix chercheurs ou penseurs différents.
La moitié des ouvrages était imbitable, se regardait écrire, répétait dix fois la même chose… Le plan était souvent incompréhensible ou non respecté, et la conclusion ne me permettait pas de « conclure » sur ce que je devais retenir.
J’ai été très marquée par la pauvreté littéraire des penseurs contemporains.
Lorsque j’étais thésarde, je souffrais de l’effet inverse. Je peinais à trouver des informations percutantes à transmettre, mais je gagnais les concours des revues scientifiques car j’accordais énormément d’importance à la fluidité et à la clarté de mes (rares) apports. J’ai donc quitté la recherche mais j’ai conservé mon exigence de fil rouge vulgarisé mais pertinent.
Tout cela pour dire que savoir intervenir deux heures en conférence n’a rien à voir avec écrire un ouvrage professionnel. Le contenu n’est pas déroulé de la même façon, le style et le ton nécessitent un travail particulier. Quant à l’anecdote, elle ne doit jamais prendre la valeur d’un argument.